Un sage nous a quittés…

Ce mercredi 29 juillet, Marcel Plasman s’est éteint après une vie marquée de l’empreinte vibrante des valeurs chrétiennes.

Il ne faisait pas partie de ces hommes qui par intérêt ou ambition bousculent l’échiquier de la vie, pas plus de ceux qui reçoivent tout de leur nom, de leur patrimoine familial ou qui bénéficient d’un alignement des astres…

Sa carrière, ses réussites, ses honneurs, il ne les doit qu’à lui-même, à ses choix personnels et aux valeurs qu’il vivait au quotidien.

Rien ne lui avait été donné mais ses convictions et sa ténacité allaient lui ouvrir des portes et des fonctions auxquelles il n’aspirait même pas.

Fils de brasseur, il est entré au travail à l’âge de 14 ans sans diplôme mais avec un courage incomparable.

Cette même bravoure l’a amené, par idéal, à rejoindre la résistance avant d’être arrêté et déporté dans un camp de concentration. Libéré par les soviétiques, il fréquente alors assidument la jeunesse ouvrière chrétienne qui va consolider à jamais sa foi chrétienne héritée de son père.

Il s’engage résolument dans l’action sociale au sein des mutualités chrétiennes où il sera remarqué pour son expertise des questions médico-sociales. Il présidera du reste le centre hospitalier Saint-Pierre d’Ottignies de 1975 à 1988 dont il fera l’hôpital de référence du Brabant Wallon.

Remarqué par son engagement efficace au sein du mouvement ouvrier chrétien, il fera son entrée dans l’arène politique comme conseiller communal de Nivelles en 1964. 7 ans plus tard, il relève avec succès le défi d’être tête de liste du Parti Social-Chrétien aux élections législatives de 1971. Il entre non sans fierté mais avec une authentique humilité à la Chambre des Représentants. Dans la foulée, il devient pour la première fois Bourgmestre de Nivelles en 1976.

Son ascension est irrésistible alors qu’il n’est demandeur d’aucun titre ni privilège. Il devient ainsi Ministre des Pensions le 06 mars 1977.

Au sommet de sa gloire politique et par fidélité avec ses choix de vie, il démissionne de son mandat de député pour permettre l’accession d’un jeune homme politique pétri de qualités et de talents, Raymond Lagendries.

Les deux hommes partagent, il est vrai, les mêmes idéaux de progrès social, sous une bannière chrétienne dont ils se revendiquaient avec enthousiasme mais sans le moindre sectarisme.

Retiré provisoirement de la vie politique, il se représentera néanmoins en 1988 au scrutin communal pour ceindre une deuxième fois l’écharpe maiorale avec une sérénité exceptionnelle.

Plus médiateur qu’architecte, plus sage qu’ambitieux, plus dévoué qu’intrigant, il se distinguera par le redressement des finances locales, ses choix précurseurs dans le domaine de l’environnement et surtout celui de l’aide à la personne quelles que soient ses convictions.

En 1996, il se retire définitivement de la vie publique pour se consacrer notamment au devoir de mémoire. Le prisonnier de 1944 n’a jamais oublié ses frères d’armes, héros à ses yeux du combat pour la liberté et les droits de l’homme.

Marcel, venu par idéal dans la vie politique, ne l’a jamais vécu qu’avec serviabilité, désintéressement et humanité.

Ce démocrate humaniste avant l’heure est resté toute son existence, un homme droit, de convictions réfléchies et de foi inébranlable.

Cette destinée construite sur l’être et non sur l’Avoir, nourrie du partage davantage que la réussite personnelle, honorée par le respect des autres bien plus que par la crainte de son pouvoir lui vaut aujourd’hui une reconnaissance unanime, le hissant au rang de sage parmi l’élite politique.

Comme l’affirme avec justesse Aristote : « l’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit ».

Marcel, durant près d’un siècle, a sans cesse réfléchi au sens de la vie tout en agissant avec générosité pour les autres.