Article de mars 2020 ! et toujours tellement d’actualité ! Question du Député André Antoine au Ministre Borsus à propos du développement urbanistique de Nivelles.

QUESTION ORALE DE M. ANTOINE À M. BORSUS, MINISTRE  DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE,  SUR « LES PROJETS IMMOBILIERS NIVELLOIS »

M. Antoine (cdH). – Monsieur le Ministre, après la faillite ou l’assainissement d’un site, voilà une ville qui est en pleine expansion – et l’on peut saluer bien sûr le travail de ces gestionnaires depuis une quinzaine d’années – puisque la ville a connu un essor particulièrement important, que ce soit par le truchement de la présence de la gare, la rénovation de la grand-place, ou encore, plus récemment le dossier d’un cinéma que je connais bien pour avoir facilité le mécanisme de son financement.

Aujourd’hui, cette attractivité est telle qu’elle a amené un grand nombre de projets immobiliers qui posent question dans l’équilibre des différentes fonctions au sein de la Ville de Nivelles. J’en veux pour preuve, l’îlot Saint-Roch, projet de 310 logements, le fief de Rognon pour 150 logements, les Chabotes avec 150 logements, le Val de Thines – que vous devez bien connaître – est un projet considérable où l’on évoque 1 200 appartements, et je dois bien sûr – c’est l’objet de la colère des Nivellois aujourd’hui – y ajouter les Récollets, que nous connaissons bien, nous, les Brabançons wallons, parce que c’est à l’entrée du centre de Nivelles, où l’on ambitionne d’aménager 64 appartements en sacrifiant, au passage, un des rares sites verdoyants de la ville et en abattant les arbres qui sont pourtant en tous points conformes aux critères du CoDT – on peut donc s’en étonner.

Aujourd’hui, la contestation est très forte, puisqu’il y a une pétition de 4 647 signatures. Vous avez d’ailleurs vu que le débat prenait une allure politique, puisqu’ils ont mis en cause un membre du Gouvernement – à tort ou à raison, je ne me prononcerai pas. Le fond du dossier est beaucoup plus important. Ce qu’il dénonce par la sommation de tous ces milliers de logements, c’est l’absence de parking, le problème aigu de mobilité et le manque d’espaces verts qui est particulièrement criant.

Dès lors, il y a l’autonomie communale – et bien sûr, je veux la respecter –, mais il n’empêche que, quand on a une ville qui est aussi attractive et qui représente quand même une ville phare comme chef-lieu d’arrondissement dans le Brabant wallon, dans le dialogue que vos services et vous-même aurez, Monsieur le Ministre, ne devrait-on pas, d’une certaine manière, désamorcer, prévenir le conflit qui est aujourd’hui évident, en prenant un certain nombre d’initiatives ? Ainsi, ne faudrait-il pas – question, mais pour moi, c’est une suggestion évidente – imposer un schéma d’orientation locale, le SOL, qui permet alors, vous le savez, d’établir une cohérence urbanistique, de fixer les gabarits, de retenir un certain nombre d’endroits pour les parkings, de fixer, de manière contraignante, les espaces verts et de les faire respecter. Je pense que, depuis le CoDT, vous avez aujourd’hui un outil fabuleux à disposition dans un bon dialogue entre la Région, la ville et les citoyens, puisqu’ils sont extrêmement bien organisés.

…Bref, aujourd’hui, il faut désamorcer le conflit parce qu’il est particulièrement aigu et j’ai vraiment le sentiment qu’il y a énormément de fondement dans la démarche citoyenne. Ce n’est pas simplement du NIMBY comme d’aucuns veulent le dire. Il y a une démarche de coconstruction de l’avenir de la ville et, en cela, les outils dont dispose la Wallonie et dont vous avez la responsabilité pourraient largement y concourir.

M. Borsus (Ministre de l’Économie, … et de l’Aménagement du territoire. – Merci, Monsieur le Député, pour ce rôle de Casque bleu, de démineur, d’avocat et de parlementaire bien sûr. Plus sérieusement, la pression du développement urbain et de l’offre de logement ou de construction sur le territoire communal nivellois est effective et particulièrement connue des uns et des autres.

La mise en place d’outils planologiques permettant un développement cohérent, structuré, une maîtrise de la mobilité et la réalisation ou le maintien d’espaces publics, dont des espaces verts de qualité, me semble une approche intéressante qui peut être envisagée. Cependant, il s’agit d’abord d’une prérogative communale. Les schémas d’orientation locaux sont des outils intéressants à cet égard pour la mise en œuvre d’une vision sur un quartier, sur un espace, sur un îlot, mais ils ne permettent pas nécessairement d’aborder un projet à l’échelle de l’ensemble du territoire communal. De tels schémas ont été élaborés pour certaines zones. Par exemple, je citerai le projet Immobel ou le projet Chabotes. Ils ne peuvent donc pas se substituer à un outil plus global, tel que le schéma de développement communal.

Ainsi, mon administration et moi-même encourageons depuis plusieurs années les collectivités locales, les villes et les communes à élaborer, chaque fois que c’est nécessaire, un schéma de développement communal. C’est également le cas en ce qui concerne Nivelles. Des outils de ce type permettent d’avoir une vision, de se projeter dans le temps, d’avoir aussi une approche globale de son développement, des densités, des perspectives, des zones à mettre en œuvre prioritairement et d’autres points encore. Cette démarche avait été entamée à Nivelles, m’indique-t-on, par le passé. Elle fut ensuite abandonnée. Suivant l’écho que me donne mon administration, il semble que le collège communal ne souhaite pas aujourd’hui se relancer dans l’élaboration d’un tel outil qui, nonobstant ses avantages, implique aussi un certain nombre de contraintes, de difficultés, d’étapes et d’éléments à assumer.

Par ailleurs, la Wallonie comme moi-même sommes très attachées à l’autonomie communale et à la connaissance de proximité qu’on les mandataires locaux de leur territoire et au relationnel qu’ils nourrissent avec leurs concitoyens. Je souhaite, tout en respectant l’ensemble de ces éléments, être à disposition pour soutenir avec la commune une démarche d’écoute, de dialogue et de conviction.

Réponse ANDRE ANTOINE

… J’espère qu’il en est ainsi parce que, aujourd’hui, voilà une ville qui avait réussi, ces dernières années, une belle métamorphose et qui, je le crains, par le succès qu’elle a suscité, qu’elle a provoqué, risque aujourd’hui de connaître un étouffement urbanistique au détriment même de ses concitoyens.